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Les entreprises françaises ne pourront pas payer l’addiction de l’état à la dépense publique 180 : c’est le nombre d’impôts et taxes en France supportés par les entreprises et les ménages, triste record qui permet à la France de se hisser en tête du podium de la plus forte fiscalité de l’Union Européenne. L’état s’est perdu dans une fuite en avant fiscale, cercle vicieux dans lequel de nouvelles taxes sont créées pour régler les problèmes engendrés par les taxes précédentes. Mais est-ce aux entreprises de payer l’addition ?

Les entreprises françaises ne pourront pas payer l’addiction de l’état à la dépense publique

180 : c’est le nombre d’impôts et taxes en France supportés par les entreprises et les ménages, triste record qui permet à la France de se hisser en tête du podium de la plus forte fiscalité de l’Union Européenne.  L’état s’est perdu dans une fuite en avant fiscale, cercle vicieux dans lequel de nouvelles taxes sont créées pour régler les problèmes engendrés par les taxes précédentes. Mais est-ce aux entreprises de payer l’addition ?

Reprenons la liste, car même si elle est connue, elle mérite probablement d’être rappelée à des fins pédagogiques. Lorsque nous vendons un produit ou un service, nous reversons 20% à l’État sous forme de TVA qui in fine est payée par le consommateur. Ensuite, nous payons logiquement les salaires de ceux qui ont travaillé dans l’entreprise, ce qui représente bien souvent le premier poste de coût de l’entreprise : pour 100 euros de salaire gagné, le collaborateur ne recevra finalement que 54 euros, soit 46 euros versés principalement à la Sécurité Sociale, auxquels viendront se rajouter 45 euros payés encore par l’entreprise au titre des charges patronales. Puis, nous retirons ensuite différentes taxes qui affectent l’activité : taxe foncière des entreprises, CVAE, CFE, C3S…. Sur ce qui reste, l’entreprise payera encore l’impôt sur les sociétés (25%), puis rémunérera les actionnaires (entrepreneurs, collaborateurs, fonds d’investissement…), qui payeront 30% sous la forme du prélèvement forfaitaire unique (flat tax).

Ces taxes ne sont pas synonymes de mieux vivre pour les ménages, de mieux apprendre pour nos enfants ou de mieux produire pour les entreprises, mais servent uniquement à combler notre addiction à une dépense publique devenue incontrôlable.  Or la situation budgétaire est telle qu’il est envisagé de demander aux entreprises du secteurs privé de venir encore renflouer les caisses. Mais quels serait l’impact dans la société ?

Concernant le travail d’abord. Il est demandé aux entrepreneurs d’embaucher, afin de réduire le fléau du chômage. Mais alors, pourquoi envisager d’augmenter encore les charges, et donc le coût du travail sur les salaires, alors que nous savons tous que cela gèlera les embauches, voire causera des licenciements ? Il nous est demandé que le travail paye mieux, pour que le pouvoir d’achat de nos concitoyens augmente. Pourquoi donc envisager d’augmenter les charges, et donc le coût du travail, au niveau des salaires médians, alors que cela conduira mécaniquement au gel des salaires ?

Concernant l’investissement ensuite. Révolutions technologiques, course à l’IA, à l’électrique, à la numérisation, réindustrialisation de notre pays : les besoins d’investissement et de recherche et développement sont immenses. Il y a quelques jours encore, Mario Draghi faisait l’inventaire de nos besoins et rappelait qu’actuellement, notre Continent était en voie de déclassement technologique. Alors que nous n’avons jamais eu autant besoin d’attirer des capitaux dans nos entreprises pour renforcer notre souveraineté, est-ce le moment de faire une cote mal taillée en augmentant sans distinction les impôts sur les fruits du capital ? Des centaines de milliards d’euros d’épargne accumulés par nos concitoyens financent aujourd’hui l’action publique, et permettent surtout à notre État de continuer à s’endetter. Pour quel résultat ? Les entreprises, et singulièrement les PME, elles, ne récupèrent que les miettes. Pourquoi ?

Concernant l’égalité des territoires enfin. Nous devons reconstruire des usines, car nous avons payé chèrement l’illusion que la production industrielle pouvait être sous traitée à des milliers de kilomètres de notre pays. Chômage, déclassement de nombreux territoires, perte de souveraineté : c’est aujourd’hui que nous réglons cash la facture de nos erreurs. Mais alors, pourquoi envisager d’aller récupérer quelques dizaines de millions d’euros sur la transmission des entreprises, alors qu’avant de créer des usines, il conviendrait prioritairement d’éviter que celles qui existent encore ferment leurs portes ?

Entrepreneurs de PME et d’ETI, présents partout en France, nous alertons nos responsables politiques. Les besoins de trésorerie à court terme de l’État ne peuvent pas hypothéquer notre avenir à long terme. Il y a probablement des dispositifs d’aide public à recalibrer, pour éviter des effets de bord et d’aubaine. Mais ne nous y trompons pas : le réel problème de notre économie est celui de la dépense publique :  répartition des postes de la fonction publique, temps de travail dans les administrations, superposition des structures, adaptation de nos systèmes de redistribution à la démographie vieillissante du pays : la crise actuelle est une crise de modèle, pas une crise de conjoncture. L’Europe entière nous regarde avec inquiétude face au défi financier historique que nous affrontons. Faire du saupoudrage fiscal n’apportera aucune solution, mais simplement une très brève rémission au prix de conséquences sociales, économiques et géopolitiques irréversibles. Mesdames et messieurs les membres du Gouvernement et les parlementaires : avant de taxer, pensons à dépenser moins et mieux. Avec 1608 milliards de dépense publique, nous devrions pouvoir y arriver.

Ce n’est pas aux entreprises de payer l’addition mais bien à l’État de faire preuve de courage politique pour mettre fin à cet engrenage par des réformes de structure. 

 

La tribune est disponible sur le site : Le Figaro