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Brice Chambard vous raconte l’introduction en Bourse d’Obiz !

Contexte      

Obiz est une entreprise spécialisée dans le développement de solutions de marketing relationnel innovantes et responsables.
Obiz conçoit, déploie et pilote pour le compte de ses clients (entreprises, associations et fédérations) des programmes relationnels et affinitaires et des plateformes e-commerce, à travers lesquelles leurs bénéficiaires (clients, adhérents, collaborateurs, etc.) accèdent à un large panel d’offres promotionnelles, proposées par les 35 000 partenaires commerciaux d’Obiz, permettant d’améliorer leur bien-être et d’augmenter leur pouvoir d’achat.

Obiz est entrée en Bourse sur Euronext Growth le 26 mai 2021, où elle a effectué une levée de fonds de 11,3 après exercice partielle de la clause. Aujourd’hui, Obiz est valorisée à 29,2 millions d’euros.

Quelle est l’histoire d’Obiz ?

J’ai créé Obiz le 24 décembre 2010, pour des raisons qui m’étaient chères ; notamment faire la promotion des activités qui étaient en lien avec le sport, les loisirs, le bien-être et le mieux-vivre. Je souhaitais également contribuer à augmenter le pouvoir d’achat et travailler sur les sujets de revitalisation du territoire et de soutien de l’emploi. Obiz est une entreprise à mission, au sens de la loi PACTE. Nous l’étions déjà avant cette loi puisque nous l’avions inscrit dans nos statuts.

En 10 ans, Obiz a affiché une croissance moyenne annuelle de 70 %.

Pourquoi et à quel moment as-tu envisagé une introduction en Bourse ?

Nous sommes en hypercroissance sur un marché européen. Nous souhaitions investir et pérenniser l’entreprise. Obiz a obtenu de nombreuses récompenses à des concours français et européens, ce qui nous conférait déjà une bonne crédibilité, mais nous avions besoin de moyens pour nous développer dans de nouveaux pays.

Pour garder une indépendance capitalistique, j’ai toujours privilégié une croissance rentable. Nous avons des partenaires financiers qui nous ont accompagné, et nous avons pu grandir avec de la dette.

A un moment donné, je me suis aperçu que le principal frein à la croissance de l’entreprise, c’était moi. Mon entreprise a un potentiel énorme, mais parce que je voulais conserver 100 % du capital, tout ce que l’entreprise dégageait et réinvestissait n’était pas suffisant. Je souhaitais rester maître à bord et conserver la liberté d’entreprendre.

J’ai envisagé des pistes de financement via la Private Equity et en parallèle j’ai intégré TechShare, le programme de formation pré-IPO d’Euronext. J’avais des croyances assez négatives sur la bourse, surtout sur la partie gouvernance. J’ai fait la rencontre d’un chef d’entreprise déjà coté qui m’a expliqué les avantages de l’introduction en bourse : lever des fonds, valoriser l’entreprise, gagner en visibilité. Il m’a mis en contact avec un listing sponsor, qui m’a proposé une valorisation gratuite de mon entreprise. Avec un contexte de marché favorable, il y avait une opportunité à saisir.

Finalement, après négociation avec toutes les parties prenantes, nous avons pris la décision de lancer notre introduction en bourse le 24 décembre 2020.

Comment s’est passé le processus d’introduction en Bourse ?

Après avoir choisi mes conseils (Banques PSI, avocats, agences de communication….), nous avons fait le kick-off de l’opération le 4 janvier 2021. Notre document d’enregistrement de 300 pages était prêt en mars. Au total, le processus d’introduction a duré 5 mois. Cependant, nous avons mûri cette réflexion et nous y sommes préparés pendant deux années.

Cette période a été très intense. Il faut être en forme mentalement et physiquement pour mener à bien un projet d’IPO qui est exigeant. L’offre a été un succès et sursouscrite par les investisseurs.

Comment se déroule le processus de valorisation dans le monde du coté ?

Elle se base sur la méthode des DCF et des multiples d’EBIDTA. Les analystes font leurs hypothèses et tombent sur un consensus. Nous nous sommes également comparés à des sociétés similaires. Par rapport à nos homologues, notre chiffre d’affaires était dans le premier tiers, notre croissance plus élevée, notre résultat positif, et nous étions déjà rentables.

Nous avons fait le choix d’une valorisation « dans le ventre mou » en demandant des fonds dans la partie inférieure du marché par rapport à des entreprises similaires.

Est-ce qu’avant d’avoir annoncé publiquement ton intention de rentrer en bourse, tu avais déjà sécurisé une partie de l’opération avec des investisseurs cornerstone ?

Nous avions un prebook de 30 investisseurs, dont 10 étaient vraiment intéressés et 3 se sont engagés. Ils avaient des offres préférentielles pour sécuriser l’opération.
Jusqu’au dernier moment, on peut dire non à l’IPO, même si cela implique une perte des frais avancés auprès de nos partenaires. Il est essentiel d’avoir confiance en les investisseurs rencontrés.

D’autre part, nous avons investi 200 000 euros en communication auprès du grand public via des publications sur les sites spécialisés (Boursorama, lerevenu.fr, boursier.com). Nous n’avions jusqu’alors jamais dépensé 1€ en publicité chez Obiz.

Qui sont tes investisseurs aujourd’hui ? Quelle relation as-tu avec eux ?

Aujourd’hui, nous avons 5 000 investisseurs au capital. Une dizaine sont des investisseurs institutionnels comme la Caisse des Dépôts, ou Eiffel. Le reste représente des investisseurs particuliers. Nous rencontrons nos investisseurs institutionnels à l’occasion de forums dédiés, mais n’avons aucun échange avec le grand public. De mon côté, je me concentre sur mon job et mon business pour d’abord atteindre mes résultats.

Par ailleurs, nous sommes suivis par des analystes, qui nous font des demandes précises et modélisent la croissance et la rentabilité de l’entreprise.

Comment vis-tu le quotidien de dirigeant d’une entreprise cotée ?

La valorisation boursière est importante mais pas fondamentale, tant que l’entreprise délivre. Chez Obiz, elle rentre en jeu dans le cadre de l’émission d’actions gratuites auprès de nos employés (mesure que nous avons mis récemment en place) et lors de la levée de nouveaux fonds.

Lors de l’introduction en bourse, j’ai mal vécu le fait qu’un investisseur de 500 000 € se soit retiré le jour de l’introduction. Il a fallu faire preuve de résilience car notre cours de bourse a mis du temps à s’en remettre. Cela montre que le cours de bourse ne dépend pas uniquement de notre entreprise.

Il y a un effort pédagogique à faire auprès des employés pour qu’ils comprennent les implications des évolutions de l’action Obiz : ne pas s’inquiéter si elle diminue et ne pas demander une augmentation si elle augmente !

Il faut également faire attention aux délits d’initiés, et à ce niveau, c’est de la formation continue. Être une société publique nécessite un contrôle de l’information et peut à certains égards faire perdre en liberté d’expression.

As-tu profité de l’introduction en bourse pour effectuer un cash-out ?

Oui. C’est aussi pour ça que je me suis tourné vers l’IPO, qui est particulièrement adaptée pour sécuriser du cash-in, rester à la tête de l’entreprise, et sécuriser du patrimoine via un cash-out.

Ça a été un succès et tous les indicateurs sont au vert. Il me reste 65 % du capital, donc la possibilité d’encore le diluer tout en gardant la majorité. Je ne me vois pas descendre en dessous de 51 % de propriété, pour ne pas m’exposer au risque d’OPA.

La vision de vos banques, fournisseurs, clients et partenaires a-t-elle changé depuis l’IPO ?

Obiz a encore gagné en visibilité grâce au coup de projecteur de la bourse et à notre communication financière. Le fait de passer d’une entreprise familiale d’une dizaine de personnes à une entreprise cotée a également des répercussions en interne.  

Nous avions déjà de bonnes relations avec nos partenaires financiers, et l’introduction en bourse a créé un engouement supplémentaire.

Est-ce un atout d’être côté en bourse par rapport à de potentielles opérations de croissance externe ?

C’est un atout car cela permet de valoriser et de crédibiliser l’entreprise. Grâce à la transparence imposée par la communication financière, notre modèle est facilement compris par toute autre entreprise et nous pouvons étudier des synergies.

L’inconvénient concerne la discussion autour de la valorisation. L’avantage, c’est de pouvoir utiliser l’action comme monnaie d’échange.

La valorisation de l’entreprise est également importante pour nous car nous avons pris la décision de donner des actions gratuites à 100% de nos collaborateurs.

Si c’était à refaire, que ferais-tu différemment ? Quels conseils peux-tu donner aux entrepreneurs qui envisagent une introduction en Bourse ?

Trois personnes ont travaillé  sur le processus d’introduction en interne, le reste étant pris en charge par les conseils externes. Avec le recul, je recommanderais d’avoir un DAF pour être plus confortable, même si le fait d’être parti en roadshows investisseurs en solo n’a pas été un problème.

Je conseille aux entrepreneurs qui envisagent une IPO de se préparer en amont. J’avais suivi TechShare qui m’a permis de rencontrer des pairs cotés ou non cotés. C’est l’occasion de développer, gratuitement, une vision à 360 degrés sur les sujets liés à la Bourse, qu’on souhaite s’y lancer ou non.

Découvrez le programme pré-IPO « TechShare » d’Euronext.